Le choc des images...
L'arrivée
Les trois mousquetaires (qui étaient 4 comme chacun sait) :
La réception :
L'hôte du jour, Didier LOZACH, Directeur délégué.
L'auditoire attentif des élèves.
Restauration
Convives et convivialité au restaurant d'application
Les ateliers
Déco et Arts Graphiques
Staff et Céramique
Difficile de résister à "une petite dernière" (ça ne gâche rien !)
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... le poids des mots !
« Nous partîmes une douzaine
Mais malgré nos efforts
Nous n’étions plus que quatre
En arrivant au port. »
GUE A TRESMES – LE RETOUR 2
DU SUSPENS, DE L’ACTION, DU SEXE, DE L’EMOTION
Au casting :
Scénario et mise en scène : Gérard ALZAY
Les acteurs :
Dans le rôle du « Pas bien parti, mais bien arrivé » : Jean CUBAUD
Dans celui de Pionnier du canal historique du GUE A TRESMES : Bernard LAGARDE
Script : Pierre POMA
Scénario :
Sur une douzaine de gaillards pressentis, quatre furent de ce pèlerinage aux sources de nos savoirs : trois de la promotion 1957/1960 et un de 1946. Deux staffeurs, deux céramistes. Ouf ! la parité est respectée.
Parmi eux, un jeune homme âgé de 90 printemps, bon pied bon œil qui a gardé un humour Guéatresmien, qui se revendiquera auprès des élèves comme un homme de Cromagnon, par ailleurs capable, deux fois par mois, de faire valser, paso-dobler, blueser ou tanguer quelques jeunesses de moins de soixante-dix ans.
De bon matin, au comité pour nous accueillir, l’aimable Directeur Délégué et son adjoint, tout aussi aimable. Excusez du peu !
Nous disions donc deux délégués adjoints, l’un chargé des sections « Métiers d’arts appliqués (graphistes-décorateurs, chatouilleux de la 3D et autres logiciels, du staff et de la céramique) et « Aménagement » (métiers du bâtiment), soit les deux tiers des 700 élèves de l’établissement. L’autre se chargeant du tiers restant, à savoir des sections « Hôtel, Restauration » formant du CAP à je ne sais quel séduisant BTS, intégrant un restaurant d’application où parents et amis viennent déguster les réalisations des jeunes futurs grands chefs étoilés. Viennent aussi se goinfrer pour pas cher quelques radins du coin, ne relevant pas forcément du RSA.
Deux Délégués Adjoints plus un Directeur ! il faut dire à la jeunesse que de notre temps, un seul directeur pour cent trente élèves, unisexes et internés, suffisait ! Oui, mais quel Directeur, l’inoxydable Hubert Desagneaux, qui savait tenir son monde d’adolescents boutonneux. Anecdote : je me souviens que nos sections Céramique et Staff avaient été condamnées à ne sortir que quand ils auraient rasé à 50 cm le tas de gravats de plâtre d’une hauteur de 6 à 8 m. Ceci pour une toute petite bêtise, où nous avions réussi à asphyxier une classe par dégagement de souffre. A cette époque-là, on savait s’amuser !
Donc, revenons à notre sujet : cette journée d’ethno-exploration.
Nous disions donc accueil par le toujours aimable Directeur Délégué. En intro, projection d’un petit film – promo, clean – présentant un établissement idyllique, beaux graphiques et belles photos à l’appui, bon travail de com’. Viennoiseries et café, rien à dire. On aurait bien commencé par un petit vin blanc de derrière les fagots et du saucisson en fumant un cigare triangulaire qui ne serait pas sans rappeler la rentrée des foins fin septembre. Les traditions se perdent !
Départ pour la visite avec quelques déambulations en milieu urbanistique de type chiraco-éducnat, fin des années 1970.
Nous parcourons quelques couloirs, suivant de près nos guides, angoissés que nous étions de nous perdre dans ce labyrinthe jusqu’à la nuit tombée.
Ca y est ! on y est presque…, on arrive… ils sont là ! Nos cœurs, pour les uns, nos pacemakers pour les autres, battent à tout rompre. On rentre. Ils sont bien là ! une vingtaine d’élèves, des garçons, des filles (ah ! la mixité !) et même quelques professeurs qui se sont sacrifiés pour entendre les borborygmes de vieillards séniles, radotant sur le thème « vous mangez votre pain blanc, de notre temps… etc ».
Et bien non ! Notre prestation n’a pas été si mal que cela (6,5 sur 10 puisque nous sommes dans un monde ou tout doit être noté) . Nous procédons d’abord à une intro sur le contexte socio-historico-culturel de notre époque. Pour celui qui a commencé en 1946, uniforme, guêtres blanches et, quand il y avait de la viande, du mou dans son assiette. Pour ceux des années 1957/1960, montée au pouvoir de De Gaulle, 5ème République et Guerre d’Algérie. Oui, il y a toujours nécessité à remettre les expériences dans leur contexte. Vous en doutez ? Relisez, sur le site des anciens, la période des promotions 1968 où notre bien aimé et hilarant directeur de l’époque décrit la fin du monde éducatif dans ce bel établissement dont nous avons toujours la nostalgie (Vive l’Anarchie !). À découvrir en cliquant ICI.
Après cette introduction, tout simplement, le témoignage de nos trajets respectifs de vie professionnelle. Même que les élèves semblaient intéressés, même qu’après notre passage ils l’ont dit !
Sur quoi, nous sommes allés manger. Il était temps car nos estomacs sont rythmés à l’heure des repas de nos EPAD respectives, midi et dix-huit heures, l’heure c’est l’heure et midi c’est midi !
Menu correct, qui frise la bonne gastronomie, accompagné d’un vin de qualité du type « vous m’en mettrez une caisse de côté ». Repas offert au restaurant d’application, par des élèves appliqués. Nous-mêmes nous sommes appliqués à manger correctement, sans trop baver, un peu rêveurs, facétieux comme nous l’étions, rêvant d’envoyer et de coller de nouveau des camemberts au plafond, un peu comme au bon vieux temps où le château était notre cantine.
Ah ! quand la nostalgie nous tient !
Continuation de la visite. Grimpant, les yeux embués de larmes d’émotion, l’escalier qui menait aux appartements de Monsieur Desagneaux, notre bon Directeur – dont le sens de l’humour et de la rigolade n’était pas ses qualités premières - ces mêmes marches qu’il avait foulées avec ses adorables chaussures bicolores !
L’après-midi se poursuit avec l’incontournable et tant souhaitée visite des ateliers. Précisons, à l’aimable lecteur, qui perd son temps à parcourir ces pages, que tous les ateliers sont regroupés au sein d’un bâtiment cubique qui, rien qu’à le regarder, engendre automatiquement une mini dépression nerveuse et trouverait sa plus juste place dans une anonyme zone industrielle.
Tiens, à propos, qu’est devenu le magnifique pigeonnier ? Disparu ? rasé ? Ben, où ils étaient les architectes des Bâtiments de France ? Surmontant notre angoisse, nous pénétrons à l’intérieur.
Surprise, à l’intérieur, ça vit !
Tout d’abord la section « Déco, Arts Graphiques », bluffant… l’ordinateur a, en partie, remplacé le pinceau, les élèves s’expriment, on échange, on parle concept de réalisation, cheveux longs ou crâne rasé, ils sont motivés, commentent leur projet ici et plus tard. Ils comprennent ce qu’ils font, ils ont des idées sur leur lendemain. Etonnant étonnement. On pensait que les jeunes maintenant étaient tous des drogués, fanatiques de la trottinette, buvant du Coca-Cola, toxico-dépendants au burger de chez McDo, casque vissé sur la tête, mobile greffé dans la main.
Visite de l’atelier de céramique, équipé, bien équipé, très équipé, trop équipé ! Jalousie mal contrôlée de l’ancien potier que je fus, à voir tout ce matos où un minimum d’une douzaine de céramistes pourraient pratiquer leur noble art (oui, noble, car un gentilhomme pouvait façonner la terre sans déchoir de son aristocratique situation alors que le staffeur reste et restera toujours un plébéien !)
Problème tout de même, le recrutement de postulants à la maîtrise de l’argile se fait aussi rare que les apprentis curés.
Ensuite, nous rentrons dans l’atelier de staff et de façonnage moules céramique. Quelques statues modèles exposées, têtes au profil grec impeccable et bustes aux seins drus pour les matrones romaines. Ah l’Antiquité ! Atelier vaste où quelques élèves s’activent, évoluent librement. Impression générale d’investissement, de décontraction mais de sérieux. Echange avec un professeur d’atelier, motivé de chez motivé, plein d’écoute, plein d’attention pour ses élèves, plein de projets pédagogiques, plein de réflexions sur l’avenir de ces métiers, bref… un modèle de prof ! A conserver, à cloner, à faire témoigner, pour créer un renouveau de la vocation sacerdotale d’enseignant.
Moment sublime, nirvana et orgasme compris : l’un de nous, ancien staffeur (personne n’est parfait !) voulait réaliser un fantasme : gâcher du plâtre. Cela n’a pas été facile. Il a fallu tout d’abord lui rappeler qu’on mettait le plâtre dans l’eau et non l’inverse, qu’on n’attendait pas 72 heures pour le couler dans un moule ! Ça, pour gâcher du plâtre, il en a gâché ! il ne fait pas bon vieillir !
Fin de visite.
On traverse le parc. Certains élèves déambulent, toute mixité confondue (ils en ont de la chance ! il n’y aurait pas des sections « séniors » ?). D’autres, assis, discutent. Ambiance façon campus américain, genre film technicolor des années 60.
Enfin, étonnement. Les quelques personnes encadrantes que nous avons rencontrées, nous ont témoigné leur attachement à ce lieu. Tiens ! comme nous !
Une chouette journée. En dehors de toute formulation convenue et autres formules de politesse, nous avons été très bien reçus. Nous reviendrons…. dans dix ans, déambulateur aidant.
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Pourquoi cette journée a-t-elle été réduite à quatre personnes ? Primitivement ont été contactés principalement une douzaine de personnes (à part cet ancien élève de la première promotion d‘après-guerre en 1946, à la création de l’établissement, et qui viendra s’ajouter au groupe). Et puis, il y a eu le COVID.
Depuis peu, deux sont décédés (et pas des moindres quant à leur itinéraire professionnel), un était hospitalisé ce jour-là, un autre n’a pas pu venir pour des raisons économiques, d’autres étant géographiquement éloignés ou encore leur épouse ou compagne ou maitresse n’étant pas forcément favorable à ce que leur artiste et néanmoins prince charmant aille à une manifestation qui fleurait bon le rassemblement d’anciens collégiens combattants.
A noter que l’ensemble des trajets de vie professionnelle de cette douzaine d’anciens élèves invités est riche et marqué par la promotion sociale pour des personnes de niveau scolaire 5ème, 4ème (actuels CE1 et CE2) et possesseurs d’un modeste CAP. Certains, à la sortie du GUE A TRESMES feront les Beaux-Arts, Art Déco, Arts appliqués, CNAM ou une formation de Directeur d’équipements médico-sociaux. Ils seront graveur, architecte, travailleur social, manager conseiller, Directeur gestionnaire d’une entreprise de 80 personnes, Directeur de production de dessins animés à la télévision, Directeur d’équipements culturels, décorateur à FR3.
Pour ceux qui souhaiteraient en savoir davantage sur l'organisation de cette journée exceptionnelle, : veuillez cliquer ICI.
Post-scriptum : à la fin de l'année Gérard ALZAY transmettait ses voeux aux anciens du Gué avec qui il communiquait. Il y faisait le commentaire suivant :
Merci Gérard, je souhaite à tous les anciens du Gué de continuer à cultiver beaucoup de grains de riz.